Un certain Plume

Au mois de décembre, l’APW aura le plaisir de donner vie à Plume, personnage aérien de Michaux en proie à des situations des plus cocasses et rocambolesques, subissant en permanence son existence sans jamais oser détourner le cours de son destin.

Toutes les situations montrent le héros trop poli et totalement désemparé. Plume se trouve être toujours la victime, il ne comprend tout simplement pas ce qui lui arrive dans la vie.

Il mange sans trop se poser de questions sur la nature de sa nourriture, avale un serpent par politesse, engloutit une grosse racine par respect des usages, avale du pâté qui sent l’aisselle. Il tend paisiblement ses oreilles à la violence de sa femme, d’un maître d’hôtel hargneux, d’agents de police brutaux, d’un commissaire de bord qui l’expédie dans la soute du navire. Il se fait abuser par une nuée de femmes hystériques. Se retrouve subitement pendu au plafond. Se fait amputer d’un doigt par un chirurgien peu scrupuleux. Les choses que touchent ses mains sont souvent hasardeuses, des morceaux de sa femme, le sein d’une reine, un homme sans vie.

Plume adopte une totale passivité non seulement vis-à-vis du monde, mais aussi vis-à-vis de son propre corps. Il sent le monde primitivement, il regarde, touche, aspire, et écoute, vaguement curieux, mais surtout indifférent à la violence dont il est l’objet.

Michaux manie un humour noir qui repose principalement sur le décalage entre un ton très neutre employé pour narrer des événements violents et ce que Plume vit en réalité.